Luc Julia est-il un imposteur ? Celui qui a longtemps été présenté comme le cocréateur de Siri est sous les feux de la critique depuis la parution quasi simultanée de deux vidéos (celle-ci et celle-là) qui ont remis en question à la fois son parcours et ses compétences. À Journalisme Magazine, nous avons trouvé qu’il était intéressant de demander à l’intelligence artificielle, qui est donc au centre de ce débat, ce qu’elle pensait du parcours de ce spécialiste autoproclamé de l’intelligence artificielle.
L’expérience s’est déroulée en deux temps. Nous avons d’abord demandé à la fonction Deep Research de Gemini de nous pondre un rapport complet sur cette question à partir de ce prompt : “Luc Julia a t il réellement déposé un brevet relatif à « The Assistant », un ancêtre du Siri d’Apple ? Base-toi sur des sources fiables et si possible scientifiques ou gouvernementales.”
Ensuite, nous avons demandé à Gemini de résumer en une infographie claire (voir à la fin de l’article) les principaux éléments de son analyse. Elle a le mérite d’en faire ressortir les points saillants, de les mettre en valeur et d’apporter des réponses claires à la question initiale.
Bilan du rapport de recherche (republié ici pour commodité de lecture) : si l’on en croit les recherches de l’intelligence artificielle et de Gemini Research, la réponse est nuancée. Oui, Luc Julia a pu dire des énormités. Oui, il a tendance à enjoliver son CV ou, en tout cas, il ne corrige pas immédiatement les journalistes qui le présentent en direct, comme cocréateur de Siri. Mais il a bien été présent au tout début de l’aventure en codéposant plusieurs brevets avec le fondateur Adam Cheyer.
Reste qu’il faut garder à l’esprit qu’accepter d’être présenté comme “cocréateur de Siri” pour se poser en spécialiste d’intelligence artificielle est un peu curieux. D’une part, la version initiale de Siri est sans doute l’un des pires produits jamais exploités par Apple, exception faite de la première version catastrophique de Apple Maps. Au début, Siri était lourd, pénible, obtus, et il y avait tendance à répondre systématiquement à côté de la plaque. Deuxièmement, Siri exploitait en fait une première version de l’intelligence artificielle qui n’a jamais vraiment marché, l’intelligence artificielle dite symbolique, qui s’oppose à l’intelligence artificielle générative. Dans le premier cas, on demande à l’intelligence artificielle de se frayer un chemin dans un ensemble d’hypothèse et de sous hypothèses, un peu comme si on lui demandait d’aller chercher une réponse qui est prédéfinie au départ. Le principe est celui de l’arborescence, où la réponse à une question conduit à une nouvelle question qui elle-même conduit, selon la réponse, à d’autres voies possibles et en fin de compte à un résultat prédéterminé. C’est une approche radicalement différente de celle qui concerne l’intelligence générative, laquelle produit du contenu. Donc accepter d’être présenté comme le “papa” d’un produit mal conçu issu d’une technologie sous-performante est très étonnant.
Journalisme Magazine
